enteteAccueilespace S'inscrire à la lettre de l'Epcoespace Enseignementsespace Documents espaceL'E.p.c-oespace L'A.L.Iespace Publicationsespace Liens Divers espaceEspace Membres
Journée d'étude: Ah... Vieillir!

Epco
Programme

Samedi 16 novembre 2019 de 9 heures 30 à 12 heures 30 et de 14 heures 30 à 18 heures.

9 heures : accueil
Discutant : Jean-Luc de Saint Just.
9 heures 30 : Ouverture des journées.
10 heures : Rozenn Le Duault : Notre meilleur atout.
11 heures : Jean-François Coudreuse : Je l’ai sur le bout de la langue.
12 heures 30 : Pause déjeuner
Discutant : Paul Bothorel
14 heures 30 : Frédérique Gobin : Le coût de vieux.
15 heures 15 : Pierre Michel : Car le plus lourd fardeau, c’est d’exister sans vivre.
16 heures : pause
Discutant : Jean-Jacques Lepitre
16 heures 30 : Michel Daudin : Outr’age
17 heures 15 : Jean-Luc de Saint Just : Au risque du désir…de l’épate à l’EHPAD.
18 heures : fin de la journée.

Dimanche 17 novembre 2019 de 9 heures 30 à 12 heures 30.

Discutant : Marie Christine Forest
9 heures 30 : Sandrine Calmette : Chez l'enfant, à qui perd gagne dans la fabrique du temps.
10 heures 15 : Paul Bothorel : (sous réserve)
11 heures : pause
11 heures 15 : Alain Harly : Pas de souci !
12 heures : Conclusion générale
12 heures 30 : fin des journées.

Informations pratiques pour les journées du 16 et 17 novembre
Le colloque aura lieu dans la salle de conférence du Centre Hospitalier Henri Laborit , 370 avenue Jacques Cœur à Poitiers. Le CHL est situé en périphérie de la ville. Une fois sur le site des panneaux de direction indiquent la salle de conférence qui se trouve derrière le Pavillon administratif.
L’entrée est ouverte à toute personne intéressée dans la limite des places disponibles (120 places).
Une libre participation aux frais est proposée.
Une liste des restaurants proches sera consultable.
Un seul hôtel se trouve à proximité du CHL, le Ace Hôtel Poitiers, les autres sont en centre-ville : Ibis styles Poitiers Centre, Hôtel de l’Europe, Hôtel Central, etc.
Des voiturages pourront être improvisés lors du colloque, mais pas le samedi matin.
Toutes les informations utiles sont disponibles sur le site de l’ E.P.C.O : http://ecolpsy.com
On peut aussi contacter l’ E.P.C.O. par mail : epco2@wanadoo.fr



Arguments

Argument général des journées.

Il s’agirait de ponctuer un travail qui s’est mené ici, pas sans aléas, sous l’intitulé plus ou moins ironique : « Ah…Vieillir ! ». Bien des participants à ce groupe travaillant dans des lieux d’accueil pour personnes âgées, psychiatrisées ou pas, il n’a pas toujours été aisé de se décoller de cette clinique. Cependant un certain déplacement a pu se faire.
L’idée de départ avait été d’interroger la question du vieillir pas seulement dans son aspect gérontologique et ses contingences somatiques, mais aussi dans son procès subjectif qui lui n’a pas d’âge. Personne n’est sans savoir que cette question s’impose au sujet humain d’entrée de « je » et se déploie sous différentes occurrences selon les âges de la vie : naissance, stade du miroir, sevrage, adolescence, parentalité, ménopause, andropause, sénescence, etc. Mais alors comment se dit le sujet dans tous ces rendez-vous ? voilà sans doute une manière de poser la question qui inviterait à articuler la diachronie et de la synchronie qui s’impose à l’humaine condition.
C’est donc une problématique bien ouverte dans ses aspects cliniques car on ne voit pas ce qui y pourrait dans le parcours d’un sujet, puisqu’il lui faut bien se supporter comme vivant, y échapper. Ce qui nous est cependant des plus délicats, c’est de penser ce cheminement plein d’embuches en tant qu’il est suspendu à notre finitude. La tendance moderne est d’en faire autant de maladies. Mais n’est-ce pas ainsi se masquer les enjeux qui font signes que justement il y a du sujet ?
Nous partirons pour cette journée de toutes ces cliniques qui nous disent ces heurts avec lequel le vivant a à faire. Que ce soit en clinique infantile, de l’adulte, ou du vieillard, en tentant d’y repérer les mouvements, les fantasmes, les angoisses qui traversent toutes ces époques, vectorisés par ce paradoxe que le désir a sa cause dans ce qui lui échappe radicalement.
Le discours dorénavant dominant de la modernité qui éjecte l’hypothèse d’un sujet de l’inconscient, tente de résoudre toutes ces tuché comme autant de problèmes qu’il y aurait à résoudre et aborde donc la mort comme une erreur médicale qu’il conviendrait de réduire.
Que saurions nous avancer à partir du réel de cette clinique qui soit quelque peu Autre ? A.H.


Arguments des interventions.

Rozenn LE DUAULT, psychanalyste, membre de l’ALI, anime des groupes d’étude sur le vieillissement, à Paris et à Saint Brieux.
Notre meilleur atout.
Ce thème « Ah…Vieillir ! », sous son allure aimable, évoque aussi l’angoisse latente et retenue propre à tout sujet de la parole. C’est bien ce drame d’être parlant qui aiguise notre pensée et suscite un désir d’éternité. Mais qu’en ferions-nous, Seigneur ? Et pourtant nous y tenons.
Cette réflexion sur le vieillir et le mourir s’impose alors que nous arrivons dans le Grand Age. Saurons-nous en faire une avancée suffisante qui pourrait nous aider à mieux vivre ? Notre culture actuelle, fondée sur la jouissance n’est pas propice à soutenir la grandeur que nous donne notre savoir d’être mortel. Mais une chose est assurée, c’est que dans cette spéculation la mort est, si j’ose dire, notre meilleur atout.

Jean-François COUDREUSE, médecin gériatre hospitalier à La Rochelle, animateur de groupe Balint.
Je l’ai sur le bout de la langue.
Le sentiment de savoir que l’on n’a pas oublié, même si l’on ne s’en souvient pas, a été un constat fréquent chez les participants des ateliers mémoire qui se sont déroulés chacun sur six séances de deux heures où alternaient des exercices de mémoire et des apports théoriques, avec progressivement, de nombreux échanges où les fonctionnements du cerveau étaient interrogés avec crainte quant aux effets de son vieillissement, et avec grand intérêt pour en comprendre ses mystères.
C’est le médecin neuro-gériatre que questionnaient les participants sur le cerveau- objectif, mais ils étaient questionnés par le cerveau du Sujet avec les effets des stress, des émotions, de l’histoire personnelle de chacun(e), des pourquoi d’un oubli, ou d’une remémoration soudaine...toujours soudaine ; plusieurs participants se demandant aussi comment comprendre nos mémoires sensorielles les plus anciennes, et « quels circuits « empruntait la mémoire corporelle …
Comment utiliser ce matériel à tonalité psychique, en respectant ce pour quoi les participants s’étaient inscrits : inquiétudes, curiosité, mais souvent aussi parce qu’un proche développait depuis quelque temps une maladie neurodégénérative, plus souvent nommée par eux : « maladie de la mémoire ».
J’ai eu progressivement la sensation que la demande première des participants était d’être rassurés et d’espérer glaner des recettes pour améliorer leur mémoire ou au moins lutter contre les pertes ; cependant , peu à peu , se sont exprimés des demandes « d’aller plus loin dans la compréhension de ce cerveau « qui n’en faisait qu’à sa tête , et a été formulé le désir de poursuivre cet atelier, en abordant « l’intelligence et la psychologie « , comme s’il s’agissait d’autres territoires , d’autres localisations , d’autres registres . Ils n’ont jamais parlé d’inconscient mais, en vieux rochelais, se sont plaints :« de ne pas toujours se sentir maître à bord » ; et plusieurs personnes ont formulé une demande de formation complémentaire sur : « les fonctionnements de notre être ».
J’ai été beaucoup interrogé sur « les oublis », et sur ce 3ème temps de la mémoire qu’est le rappel, la restitution : « pourquoi ce qui est bien enregistré, et qui est donc accessible, n’est pas forcément disponible ? ». J’ai ainsi été plus d’une fois bien ennuyé de devoir répondre en langue médicale ; heureusement, le cerveau sous-cortical émotionnel m’a permis de larges incursions sur la subjectivité de notre mémoire.
Le bienfait des oublis est venu tardivement ; et lors de courtes séquences d’écriture, ont surgi aussi des souvenirs d’enfance, avec la douleur parfois « d’avoir été oubliés ».
Dans ces temps d’écriture, la recommandation a été de laisser venir ce qui vient, avec
L’émergence spontanée de souvenirs « incongrus », montrant de façon exemplaire que notre mémoire est intègre mais ne s’en laisse pas conter, et la surprise de ce qui se manifeste a fait partie des moments forts ; de même la découverte pour beaucoup de participants que l’odorat , le goût et le toucher sont des mémoires peu atteintes par le vieillissement normal ou pathologique .
J’évoquerai tout ce travail d’élaboration des participants, au fur et à mesure des exercices proposés de façon souvent ludique, l’humour étant une bonne compagne de nos mémoires.

Frédérique GOBIN, psychologue clinicienne, travaille en service de psychiatrie gériatrique à Poitiers, membre auditeur de l’ EPCO.
Le coût de vieux
A partir d’un travail mené dans un groupe de cliniciens de gérontopsychiatrie, il s’agirait de s’interroger sur le "coût de vieux", réflexions éclectiques au fil de nos lectures et de notre clinique autour du repérage des coûts psychiques que le vieillissement impose au sujet, mais également à l'entourage.
Tout est parti du fait que dans les services de psychiatrie pour personnes âgées, on parle volontiers du coût financier à supporter. Cette référence au support économique ne semble pas si prégnante dans d'autres types de cliniques (qui va payer, combien...). Mais alors de quel coût s’agit-il ?
Sans avoir d'hypothèse formalisée, nous avons donc navigué dans nos associations et abordés ce qui pouvait être le coût psychique du vieillissement, ce qui pouvait donc laisser entendre qu'effectivement vieillir est coûteux, qu'on y est de sa poche.

Pierre MICHEL, psychiatre, animateur de groupes de parole dans une association d’aidants.
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre. [ Victor Hugo, « Les châtiments ».]
La vieillesse en soi n’est pas une maladie. C’est un processus naturel. Dans mon propos il sera question de vieillesse « pathologique »,celle qui est altérée par la survenue d’une maladie le plus souvent chronique, irréversible et s’accompagnant d’une perte d’autonomie. La vieillesse devient alors un chemin de croix pour le malade certes mais aussi pour son compagnon d’infortune qu’est son proche familier et à l’occasion pour les membres de la famille dans la mesure de leur implication.
Car La perte d’autonomie implique une relation d’aide. Les proches sont concernés ; la société l’est également.
Je me centrerai sur les enjeux psychiques de la relation d’aide « aidants aidés » qui restent assez mal cernés dans la littérature spécialisée : tout d’abord parce que le concept d’aidant est d’apparition relativement récente dans ses dimensions médicales sociologiques politiques et normatives; ensuite parce que l’appellation d’aidant est souvent refusée par les aidants eux même ;ce qui en dit long sur leur ambivalence et sur les problèmes identitaires et narcissiques mis en jeu.
l’être humain se construit dans une relation d’altérité ;l’attachement mère -enfant qui sert de creuset à cette relation d’altérité est un modèle utile à la compréhension de la constitution de la dyade aidant aidé : en tant que processus de réaménagement de la relation. l’état de dépendance affecte radicalement les .Elle bouleverse de surcroît les codes latents et manifestes qui conditionne le fonctionnement des familles.
La vieillesse n’est plus alors une affaire de réalisation individuelle comme une sorte d’aboutissement de soi ; elle devient une mise à l’épreuve de la relation intime tissée pendant des années .
Les groupes de paroles d’aidants offrent une voie possible à la mobilisation des affects afin de mettre en œuvre leur capacités de résilience.

Michel DAUDIN, psychiatre, chef de service honoraire au centre Henri Ey à Paris, psychanalyste, membre de l’ ALI, membre du Collège de Psychiatrie.
Outr’age
Le désir après des manifestations bruyantes ou silencieuses particulièrement à l’adolescence file sous le symptôme parfois pendant de très nombreuses années. Le vieillissement produit aussi également très souvent de nombreux éclats, plus ou moins violents ou à bas bruit, dans une exacerbation des traits singuliers à chaque structure.
Nous retrouvons dans certains films et dans la littérature actuelle, qui nous servirons de repères, la trame de nos interrogations cliniques.
En sont également le témoin les déshespérides ou les Esperhades dans les tentatives de réponse au malaise social du ”vieillissement ”.
Notre pratique permet des formes de réponse, nous essaierons de poser quelques jalons fondamentaux.

Jean-Luc DE SAINT JUST, Docteur en psychopathologie et en psychologie clinique, psychanalyste, membre de l’ ALI, Président de l’ Ecole régionale ALI-LYON.
Au risque du désir…de l’épate à l’EHPAD.
Dans un social qui prescrit le « bien-être » au-delà du principe de plaisir ; c’est-à-dire comme « pulsion de mort » en tant qu’elle serait la seule visée souhaitable pour chacun… l’ultime jouissance. Il est toujours épatant d’entendre que, pour peu qu’une hypothèse subjective puisse être soutenue dans une rencontre, le désir, sa tension, vient immédiatement ranimer le sujet, et donc déranger cette prescription de silence adressée au “parlêtre”. Il semblerait donc qu’il reste du praticable, un possible, si se vérifie dans l’expérience que quel que soit l’âge, si le désir mord en corps c’est que le désir n’est pas mort…

Sandrine CAMETTE, pédopsychiatre, psychanalyste, membre de l’ ALI, responsable à l’ Ecole de Psychanalyse de l’ Enfant et de l’ adolescent à Paris.
Chez l'enfant, à qui perd gagne dans la fabrique du temps.
Le Temps est une variable discutable quant à son réel et sa fonction dans d'autres échelles que celle de l'humain. Pour autant, le temps humain fait référence dans la mesure de nos vies, qu'elles soient tristement chronométrées ou subjectivement vécues. À preuve les multiples déclinaisons et le risque de confusion dont le temps est l'objet, particulièrement quand il se voit institué comme l'instrument de pouvoir par excellence.
Dans la foncière discontinuité de "notre" temps, comment l'enfant parviendra-t-il à se représenter dans et par le temps? Le continuum temporel alors gagné par delà son statut d'opérateur de perte viendra alors faire témoin de sa division subjective, dans tout son paradoxe.
C'est l'enjeu majeur de notre accession à une temporalité au stade du miroir. Liant l'hétérogénéité des registres RSI, le temps (et non pas Le Temps) permet que se noue la pure discontinuité temporelle et la continuité subjective. Dans un exercice d'équilibriste, le sujet trouve à y loger sa place singulière, là où précisément peut se constituer une maille que seul ce temps peut lui offrir.
Il y trouve à penser le changement dans une continuité d’existence. Pour le mieux, l’enfant-sujet peut progressivement se voir grandir. Ce n’est pas sans une ambivalence certaine. Son désir d’autonomie, pour atteindre et renverser la puissance comme la liberté d’agir prêtées à ces adultes qui font la pluie et le beau temps, doit faire le deuil d’un passé, sans responsabilité de sujet, où il jouissait de se croire l’objet du désir de sa mère.
Aux prises avec la discontinuité du temps, sa perception parallèle du vieillissement de ses parents ne va pas sans la crainte de les voir mourir par le seul fait qu’il avance en âge, une façon de ne pas se sentir totalement impuissant face au cours du temps. Le temps fait ainsi office de Loi pour lui et nous offre le service d’un autre Nom du Père. Il est judicieux, dans notre pratique avec les enfants et les adolescents, de mettre en jeu l’écart ouvert par la temporalisation.
À l’heure actuelle où les repères offerts par les différences s’estompent, l’écart temporel permet toujours d’inscrire chacun à sa place dans l’écart de soi à soi, dans l’écart des générations, et dans l’écart vis à vis d’un tout-imaginaire du temps, bénéfice de la perte conséquente qu’implique le temps humain.
Le temps pour grandir ne va pas sans le temps pour vieillir.

Paul BOTHOREL, Psychopathologue, psychanalyste, membre de l’ALI, Président de l’ Ecole ALI-Bretagne, anime un groupe d’étude sur le vieillissement à St Brieux.
- Intervention sous réserve –
-
Alain HARLY : Psychologue clinicien, psychanalyste.
Pas de soucis.

***